Les
chroniques d’une restauration :
Porsche 924 Turbo 1980
23
mai 2008 : Retour de sablage
J'ai
(enfin) récupéré ma vingtaine de pièces
du sablage, après plus de 2 mois et demi... Et bien je
suis assez déçu. Les tôles sont comme je
l'avais demandé et comme je l'espérais, mais les
pièces en alu... :(
J'avais
pourtant bien précisé de ne pas les métalliser,
ça ne sert à rien! Non seulement ils l'ont fait,
mais en plus je l'ai payé... De plus, l'oxydation n'a
pas disparu. Fait chier.
Ca fait pas neuf, ça fait repeint. Je hais ça.
Ca me fait penser au mec qui prétend que son pot est
neuf alors qu'il l'a juste repeint à la bombe. Ca donne
le même effet.
Quelqu'un
a une solution pour faire partir la métallisation? Ils
ont même fait le collecteur d'échappement! Il est
blanc/argenté maintenant!
Oui,
je pourrais retourner voir cet espèce de chinois/coréen/que
sais-je et lui expliquer, mais il parle à peine français
(quoique c'est super marrant de l'entendre dire "NondiDiou"
au téléphone, j'étais plié MdR)
et vu l'énorme boîte que c'est, je suis le grain
de sablage (Arf) sur la plage... Et j'ai pas envie de refaire
ça chez lui. Je continuerai à lui confier mes
pièces, mais juste les tôles. Faut que je pense
à demander s'il fait des peintures époxy noires,
mais je pense m'adresser au carrossier derrière chez
moi.
Voilà...
140€, et un demi coup dans l'eau.
|
OK: les pièces en tôle, sablées et métallisées. |
Non OK: Les pièces en alu, idem... Malheureusement! |
Une sans flash pour montrer la piètre qualité du
sablage. |
21 juillet 2008 : Non, je ne suis pas mort
J'ai
choisi notre fête nationale pour avancer sur ce projet.
Sur l'auto? Pas vraiment. Je me suis acheté un support
moteur d'atelier, une girafe et une servante à outils
complète! De quoi être équipé sérieusement
et aborder la suite de la meilleure façon qu'il soit.
J'ai trouvé le support sur Ebay, neuf mais à bon
prix. La personne avait mis l'enchère vers midi, 30 minutes
plus tard c'était un achat immédiat! Coup de chance...
La girafe vient de chez Makro, et Dieu sait qu'elle fut pénible
à trouver! J'ai passé commande dans un établissement
spécialisé en outillage à Waterloo, le
5 mai, en la payant cash. Je l'attends toujours... J'en ai raté
une chez EcoVanadium (vous savez, le camion itinérant
plein de trucs de bricolage et de jardin), moins cher mais épuisée:
"Ah mon bon Monsieur, j'en avais 3 en partant de France,
mais j'ai tout vendu!". Ensuite, coup de chance, promo
chez Makro, encore moins cher, occasion à ne pas rater.
La
servante d'atelier est un petit coup de folie, en fait j'ai
dû écouler le bon d'achat que j'ai reçu
suite à ma commande de girafe infructueuse chez le spécialiste,
mais finalement je suis presque heureux qu'ils ne l'aient jamais
reçue. Investissement important que cette boite à
outils roulante, mais quel plaisir d'être outillé
comme un garagiste! J'ai presque peur de m'en servir...
Donc, il y a encore moins de place dans le garage, Elise doit
reculer son cul de plus en plus près de la porte...
|
08
août 2008 : Le moteur est sorti
Et
oui! Incroyable, hein? Le moteur est dehors...
Pas une mince affaire, même s'il ne me restait que les
4 vis du transaxle à enlever. En effet, pour cela il
a presque fallu sortir l'échappement (mais en le désaccouplant
à l'avant et en forçant dessus, ça s'est
bien passé), j'ai dû enlever la Waste-Gate, quelques
tôles pare-chaleur, le cylindre récepteur d'embrayage,
etc... Et bien sûr, lever l'auto un peu plus sur ses chandelles
afin d'avoir un meilleur accès dessous et la place pour
ajouter un levier afin d'avoir la force nécessaire pour
décaler ces vis. Ensuite, Système D pour le levage,
et le moteur sort. Enfin, presque! C'est que le torque tube
rentre de près de 15cm dans le moulin... J'ai cru devoir
baisser l'auto de nouveau pour passer le moteur par dessus,
mais la girafe a un long cou ;)
J'ose à peine imaginer la galère du remontage,
quand il va falloir faire attention à ne faire aucun
coup et ne rien abîmer ni salir...
PS: notez le support moteur, la girafe et la servante sur les
photos ;)
|
LE grand moment: ça sort...
|
...et zou! Sur le côté.
|
Oui, c'est bien moi que je l'a fait :)
|
Autre angle, au flash. |
Ah ben y'a pu! C'est vide ;) |
Pour info, mon Turbo K26 démonté. |
11 août 2008 : la force de l'Axe
Le
moteur étant sorti, il reste à le mettre sur le
support moteur d'atelier. A cet effet, démontage de la
cloche d'embrayage afin de fixer le moulin sur le bloc. Je vais
d'ailleurs devoir acheter des boulons plus longs pour cet usage,
voire une tige filetée découpée à
dimension. Démontage du filtre à huile qui était
dans le chemin, tout va bien, mais la cloche ne sort pas. Ah
oui! L'axe qui tient la fourchette d'embrayage.
Et bien, j'en chie pour le faire sortir. Du coup je suis calé,
je dois trouver une solution: la méthode veut qu'un boulon
de 8 se visse dans l'axe, et qu'on tire pour le sortir puisqu'il
n'est qu'enchâssé. Fort bien. J'ai essayé,
même en bloquant une Vise Grip dessus et en tapant au
marteau, puis en faisant chauffer (avec un bête allume-gaz,
je n'ai pas de chalumeau), en le blindant de dégrippant,
rien à faire.
Ce n'est rien, on démonte le support de filtre à
huile, les poulies et la pompe à eau pour patienter.
Le bloc a l'air nu! On nettoie en faisant tremper, pas question
de sabler le support de filtre!
J'attends de démonter le carter moteur pour porter une
nouvelle caisse de pièces au sablage, mais impossible
tant que le moteur n'est pas sur son support, vu la façon
dont je l'ai attaché à la girafe. Et puis, autant
le laisser, si je dois reposer le moulin par terre pour une
raison quelconque.
Allez,
je vous file des photos de la Waste-Gate :
|
Profil |
3/4 dessus |
3/4 bas |
12 août 2008 : l'Axe est vaincu
Merci
André.
En
effet, le garage De Becker à Braine-l'Alleud, sympathique
spécialiste Porsche dont je fais la pub car il le mérite
(c'est lui qui avait refait le moteur de ma 968CS), m'a prêté
un outil adapté à mon problème de fourchette
d'embrayage: une tige filetée équipée d'une
masse que l'on descend violemment vers le bas et qui donne des
chocs pour extraire ce genre de pièce. Nickel.
La
cloche est donc sortie, tout comme l'embrayage datant d'il y
a 15 ans mais peu usé apparemment. J'attends de le comparer
avec un neuf pour être certain. Ensuite, j'ai passé
un bout de temps à trouver un (bon) moyen de fixer le
bloc sur le support moteur, à l'aide de boulons (Porsche,
s'il vous plait) de récupération. Ca a l'air solide,
nous verrons à l'usage.
Je
vais enfin pouvoir virer ce carter et voir ce que ça
raconte dans le bas moteur!
|
La pompe à eau et la poulie de vilo + brol.
|
La fameuse cloche à Trois Mages et son Axe.
|
Embrayage du 11/1992, pas trop usé apparemment.
|
Le moteur sur son support, protégé. |
Autre vue du support et des fixations sur le bloc. |
Une autre, sur fond de soleil couchant. Snif, c'est beau... |
11 novembre 2008 : Ma petite entreprise... connaît
pas la crise
Reprise
timide des travaux, 3 mois plus tard: démontage des 2
supports moteur, du carter et de la pompe à huile. Nettoyage
du tout, évidemment.
La pompe à huile ne peut être reconditionnée,
d'après le manuel, donc elle sera changée... si
j'en trouve une !
Le bloc est donc pratiquement nu, il reste la crépine,
le vilebrequin et ses paliers, bielles, pistons et volant-moteur.
J'ai décrassé la cloche d'embrayage également
(près de 900 Euros chez Porsche... ils sont fous !).
Reste à préparer sa petite liste pour le Père
Noël !
|
Un Bien Beau Bloc!
Ca diminue! |
Nettoyage rapide du carter
(plans de joints encore à faire) |
Idem pour la cloche.
Rapide, mais au moins on voit clair! |
14 et 15 novembre 2008 : How Hard Can it Be?
Un
an. Un an que j'ai envie d'essayer cette découverte:
le dérouillage par électrolyse. Je n'ai jamais
eu l'audace de m'y mettre, mais c'est désormais chose
faite. Equipé d'un bac en plastique rempli de 15 litres
d'eau chaude et de 2kg de soude, d'un chargeur de batterie de
8A maxi, de câbles de démarrage et de 2 boules
d'inox, je tente ma première expérience sur un
support d'échappement de 924 2.0L, histoire de ne pas
abîmer les pièces de la Turbo le cas échéant
(ou échouant!). J'étais relativement confiant,
mais sans enthousiasme: je ne doutais pas des résultats
trouvés sur les sites sur la restauration d'une Citroën
ID19 et d'une Fiat
500, deux excellentes références, mais plutôt
du matériel utilisé. Est-ce que mon chargeur était
suffisamment puissant? Est-ce que le résultat allait
atteindre la qualité requise?
Apparemment,
la réponse est oui. Bonne surprise! Je vais donc continuer
mes expériences sur différentes pièces
et matières (sauf l'alu, il est avéré que
ça ne fonctionne pas, mais il me reste la levure chimique).
J'ai noté qu'en rapprochant les câbles dans la
bassine, l'ampérage augmentait. Je suis donc passé
de 3A au début à près de 7A sur la fin.
J'espère ne pas endommager le chargeur! Attention, au
cours du traitement, l'ampérage augmente un peu. Il vaut
donc mieux surveiller de temps en temps et ne pas le mettre
au maximum dès le début.
Après
plusieurs tentatives sur différentes pièces, j'ai
constaté que la réaction s'affaiblissait. Logique,
la soude et l'inox se transforment et perdent donc petit à
petit leurs propriétés.
J'ai rajouté une boule d'inox et un kilo de soude, ce
qui me donne 3 et 3 pour 15 litres d'eau. Je me rapproche donc
ainsi des prescriptions trouvées sur le net. Reste que
l'ampérage est assez faible, 15A doivent être bons.
J'ai encore une alimentation de PC défectueuse, mais
peut-être pourrait-elle encore servir pour ça...
J'ai également lu qu'il était bon de passer les
pièces au four (1 heure à 100°) afin de stopper
la réaction de la soude. Je me suis contenté de
15 min à 175° dans mon four déjà préchauffé
par mon repas de midi... mais plus pour les sécher qu'autre
chose ;)
A présent, je les passerai au décapeur thermique.
Parlons
pognon, à présent. 15 litres d'eau du robinet,
2 paquets de 2 kilos de soude (soit 1.125 Euros le kilo), 2
paquets de 2 boules en inox (soit 0.9 Euros la boule), des câbles
de batterie de récupération (ils étaient
dans le coffre de cette 931 à l'achat!), et un chargeur
aussi vieux que moi. Soit au total le prix d'une bonne Chimay
Bleue sur une terrasse!
Le résultat est donc assez bluffant et d'un excellent
rapport temps / prix de revient / facilité. Par contre,
sur les grosses pièces style support moteur, je pense
que mon chargeur avoue ses limites. Après plusieurs bains
de 2 heures, seule la rouille superficielle est partie. Ceci
dit, ça donne une bonne base accrocheuse pour une peinture!
Et surtout, ça enlève la corrosion dans des endroits
inaccessibles, comme dans les tuyaux par exemple (attention
à bien les nettoyer pour éviter que des dépôts
de rouille ne se baladent partout à la remise en route!).
PS:
veuillez excuser les mauvais clichés de ces derniers
temps, surtout au flash. J'étais tellement pressé
que je n'ai pas fait dans le méthodique! En effet, je
tape l'appareil en mode Auto pour aller vite et je ne claque
que du "documentaire" en rafale. Ce qui ne devrait
pas exclure une certaine qualité photographique, avouons-le.
Je tâcherai de contrôler ma profondeur de champ
les prochaines fois!
|
Le matos: soude, inox et chargeur...
|
...ainsi que le bac et les câbles.
|
Ca bout et ça fume!
|
1er essai: avant...
|
...pendant...
|
...après!
|
Un autre essai apparemment pas concluant, mais...
|
...la rouille est fortement diminuée et la surface saine.
|
Pendant que ça électrolyse, faut bien s'occuper...
|
Idem ici, pièce fortement attaquée...
|
...mais dont une grosse partie de rouille est partie!
|
4 cylindres à injection :)
|
16 décembre 2008 : Châteaux de Sable
J'ai
récupéré mes pièces du sablage (Ferronnerie
Stiens à
Braine-l'Alleud), je suis très satisfait du résultat,
malgré les critiques que j'ai eues sur internet concernant
le fait qu'on ne sable pas de l'alu, mais qu'on le microbille.
Délai 1 jour (mais en principe c'est une semaine) alors
que chez Finition Metal il a fallu 2 mois pour avoir un résultat
de merde à 140 euros (voir ci-dessus)... Ici, ça
m'a coûté 35 euros (mais pour environ la moitié
de pièces).
Je
voudrais les protéger. Néanmoins, je me tâte.
Il existe plusieurs traitements, vernissage, morsure, anodisation,
satinage, ... voir peut-être un produit à appliquer
au pinceau (si ça existe)? J'ignore
lequel prendre pour des pièces aussi vaste que culasse,
carter embrayage et huile, collecteur d'admission, tuyaux d'air
et eau, etc...
Le gars chez qui je suis allé m'a dit qu'il pouvait les
vernis avec un époxy cuit à 200° (si j'ai
bien compris, y'avait pas mal de bruit). Evidemment pas à
l'intérieur du carter, hein!
Que
choisir? Je me doute que ça tiendra pas 25 ans, mais
déjà rien qu'à penser au nombre de traces
de doigts que je vais faire au remontage, ça me déprime...
Je porterai peut-être une pièce pour essai en 2009,
là ils sont fermés à partir de lundi et
c'est un peu court.
Super
satisfait aussi du bichromatage jaune et blanc, 70 euros pour
une vingtaine de papates et tuyaux en doré, une trentaine
de colliers en chromé blanc, et une centaine de boulons
en doré aussi.
PS:
les photos au flash font ressortir les défauts au max!
C'est plus joli en vrai.
|
Les 2 carters parfaitement propres.
|
Voici 2 photos, au flash et lumière naturelle...
|
...à comparer avec le haut de cette page!
|
Les pattes et tuyaux...
|
...les colliers...
|
...et la boulonnerie, tout est nickel!
|
25 décembre 2008 : Christmas Time
Ebay
est quand même un outil magnifique. J'y passe plusieurs
fois par jour, surtout en Belgique mais aussi aux USA et en
Allemagne, toujours à l'affut de la moindre pièce
neuve pour mon projet. Devant la difficulté de trouver
des soupapes, même chez Porsche, cela devenait mon seul
espoir. Bien sûr, pas question d'acheter n'importe quoi
(des refabriquées vendues par une boutique aux USA ou
des vieilles d'occaz en Allemagne), mais tomber sur des neuves
relevait du miracle. Il eut lieu en cette période de
Noël. Quatre soupapes d'échappement (au sodium)
et quatre soupapes d'admission neuves, dans leur emballage Porsche.
La provenance? Beirut, au Liban! Et oui... Bon, j'ai quand même
eu un peu peur que la douane ne les renifle à outrance
ou qu'elles me pêtent à la tronche en ouvrant le
colis, mais apparemment elles sont bien correctes et pas à
base de C4!
Et
comme parfois on a beaucoup de chance, le Père Noël
m'a également trouvé une pompe à huile
neuve dans son emballage aux USA. Plus disponible chez Porsche.
Chouette!
J'en ai également profité pour commander pas moins
de... 100 (oui, cent! - Mais non pas huit cent: oui, cent!)
pièces neuves chez Porsche! Bon, ça va de moulte
joints aux multiples rondelles des Banjos, en passant par des
petits silentblocs, vis de culasse, bouchon de vidange et ce
genre de brols, mais je m'attends à une addition qui
pique! Tout ne sera sans doute pas dispo, résultat en
janvier.
|
Waaah! Des belles soupapes neuves!
|
Waaah! Une belle pompe à huile neuve!
|
Waaah! De la visserie bien rangée!
(Bon ok, c'est lourd...)
|
31 décembre 2008 : This is the end...
Pour
terminer l'année, petit retour sur mes expériences
aluminiumesques. J'ai trouvé un site assez intéressant
parlant de différentes techniques ici.
J'ai tenté d'appliquer "la morsure" (ça
fait un peu prise de karaté, ça...). Le principe
est identique à la levure chimique évoquée
plus haut, mais en plus concentré. J'ai commencé
par verser un verre dans un demi-litre et je l'ai versé
sur la pièce. Quasi rien. Evidemment, la lessive de soude
vendue dans le commerce est diluée, 29% pour la mienne.
Je l'ai donc appliquée pure sur ma pièce mouillée,
la réaction est immédiate mais pas spectaculaire.
A peine plus qu'avec la levure. Le carter d'embrayage devient
noir, je rince. Malheureusement, je trouve le résultat
mitigé. J'ai même l'impression d'avoir fait un
retour en arrière vis-à-vis du sablage. Disons
que la surface est plus lisse, mais moins "propre".
Enfin tant pis, je ne vais pas la faire sabler de nouveau parce
qu'on va finir par voir à travers!
|
|
Après "morsure" à la lessive de soude.
|
|
|
|