Je
vais vous parler ici de mon expérience personnelle, à
savoir le montage de freins de 944 Turbo 220cv.
Petite fierté : je suis un des seuls et un des premiers,
si pas LE seul à avoir fait cela sur une 924 2.0L ;)
Non ? Euh… Bon alors disons que je suis le seul au monde
à avoir une 924 2.0L blanche de 83 belge préparée
piste avec des freins de 944 Turbo alors ;)
2 - REPERES
Cette
transformation est loin d’être simple. En effet, contrairement
aux freins de 931/944 qui se montent directement ou presque sur
la 924 2.0L, les freins de 944 Turbo (disons 951 pour simplifier)
nécessitent de changer la suspension. Commençons
par le plus simple, l’arrière.
J’ai
monté un train arrière de 944Ph2,
donc avec les bras en alu, afin de profiter de masses non suspendues
plus légères. Je n’ai pas mesuré le
gain de poids obtenu, mais j’ose espérer qu’il
y en ait un ;) J’ai supprimé également le
frein à main, inutile sur une voiture de piste, même
si le système Porsche est étudié entre autre
pour cela justement, avec son petit tambour interne, pour éviter
aux plaquettes brûlantes d’entrer en contact avec
le disque. Donc suppression des câbles, du levier, et du
système. Le gain de poids est estimé à quelques
kilos. Il faut bien cela pour compenser le surpoids dû aux
étriers (4 pistons tout alu, mais énormes !) et
aux disques (299mm sur 24mm). A noter que les bras en alu sont
identiques sur toutes les 944 équipées de la sorte,
de l’atmo de base à la 951, en passant par la S2.
Donc, on peut y monter indifféremment des étiers
simple piston ATE ou 4 pistons Brembo ;)
Mais je ne sais pas si l’inverse est vrai, à savoir
de monter des étriers Brembo sur des bras en acier.
Le train de la 924 et celui en alu sont interchangeables, la modification
se fait donc sans trop de peine, même s’il faut tomber
l’échappement. Par contre, les cardans sont différents,
ils sont plus longs sur les modèles à bras en alu.
A prévoir, donc.
Les amortisseurs sont quant à eux des modèles M474
(Koni jaunes), réglables en dureté. Les barres de
torsion sont d’origine, c’est-à-dire en 23mm,
je me pose toujours la question de savoir si je vais passer à
25mm ou monter des combinés ressorts/amortisseurs. Mais
nous ne sommes pas encore là ;)
Un décrantage par contre est prévu, ainsi que l’adoption
d’une barre anti-roulis de plus gros diamètre (absente
sur ma 924).
Passons
à l’avant. Là, les choses se corsent, étant
donné que les étriers de 951 ne se montent ni sur
la fusée de 924 (bien évidemment), ni sur la fusée
de 944. Et pour pimenter le tout, une fusée de 951 n’est
pas compatible au niveau de la jambe de force d’une 924
ou 944…
Je voulais également monter des triangles en alu, mais
malheureusement ceux-ci ne s’adaptent pas sur la 924. En
effet, les supports moteur, et donc la traverse sont différents,
et ça ne passe pas. Dommage ;)
J’ai donc conservé les triangles en acier de 924,
sur lesquels se monte sans problème la fusée de
951. Les jambes de force sont apparemment des M474
de 951, donc Koni jaunes Sport, avec ressorts standards. La différence
avec les M030 étant les ressorts et le corps filetés.
Le prix exorbitant, et la pénurie chez Porsche font que
ce n’était pas le meilleure choix, a fortiori sur
un avion de chasse (n’ayons pas peur des mots) tel que la
924 ;)
Malheureusement, l’ensemble étant taré pour
le poids nettement supérieur d’une 951, la voiture
est très, très haute sur patte :( … Mais cela
va changer, car dans un futur proche, des corps filetés
faits sur mesure avec ressorts Eibach vont me permettre de lui
donner une gueule et une efficacité largement supérieure
;)
J’en ai profité pour monter des flexibles
« aviation », c’est-à-dire en
alu tressé. Je ne reviendrai pas sur les avantages, ils
seront expliqués ultérieurement dans l’autre
article, de même que les différents types de disques,
de plaquettes et de liquide. J’ai pour l’instant conservé
les disques et plaquettes d’origine, mais des plaquettes
plus typées piste (sans être extrêmes) ainsi
que des disques percés feront bientôt leur apparition.
L’étape
finale et encore non accomplie de ce chantier est le changement
du schéma des durits de frein. En effet, la 924
possède un freinage dit en « X » : à
savoir que la roue avant gauche est reliée à la
roue arrière droite, et donc l’avant droite avec
l’arrière gauche. Sur la 924 Turbo et la 944, le
schéma est dit en « H » : les freins avant
sur un circuit, les freins arrière sur l’autre. A
part la roue avant gauche dont le chemin est commun à toutes,
pour les autres, c’est loin d’être évident.
Je devrais également changer le maître-cylindre,
mais j’hésite encore sur le modèle. Actuellement
j’ai un simple 23.81mm, et j’ai en stock un double
23.81/19.05mm. Mais les 944 Turbo sont pourvues d’un 23.81/20.64mm.
Et pour compliquer le tout, certains modèles sont pourvus
d’un répartiteur de freinage, d’autres pas…
Donc je ne sais pas encore quel modèle sera optimal pour
ma configuration ;)
Vous
devez quand même vous demander comment de tels freins et
de telles suspensions, prévues pour les ailes bien larges
de la 944 Turbo passent sous les ailes ténues de la 924.
J’ai dû user d’un petit subterfuge : en 1987
l’ABS a fait son apparition, et les freins ont été
modifiés : le bol de fixation du disque est devenu plus
large, cette différence étant compensée par
les jantes dont le déport a changé (52mm au lieu
23mm). Donc si vous mettez des freins d’avant 87 (les miens
sont de 86, avec petit bol donc), avec des jantes d’après
87 (avec grand déport), vous allez vous retrouvez avec
des voies plus étroites ;)
Les
jantes et les pneus sont des Design90 en 6’’
de large (en réalité ce sont 4 jantes avant de 964),
chaussées bientôt de pneus de marque (Michelin ou
Bridgestone) en 205/45/16, ou plus probablement 205/50/16, car
le look est plus sympa. La monte correcte serait plutôt
205/55/16, pour garder la correspondance avec les 185/70/14 de
série. Mais le but est de changer la démultiplication,
afin de « tirer plus court », et donc de bénéficier
(tout est relatif) d’un effet « boîte courte
». Je ne sais pas si la différence est palpable,
mais quand on n’a que 125 chevaux tous les artifices sont
bons ;)
Le compteur de vitesse sera faussé, mais comme il n’est
pas raccordé du fait que les fusées de 951 ne sont
pas percées pour le raccord du câble de compteur
(j’y remédierai un jour), on s’en fout ;)
3 – MON OPINION
Pour
rester politiquement correct, je ne donnerai pas le montant de
cette transformation (si vous voulez vous faire une idée,
cherchez le prix de toutes les pièces citées ci-dessus).
Car monter ce type des freins relève de la folie, et est
assez inutile, il faut le dire. En effet, des freins de 924 Turbo
ou 944 typés piste sont largement suffisant pour le poids
de l’auto (dans mon cas, moins de 1000kg !). Donc, à
part sur une 924 de piste bien radicale, et gavée de chevaux,
l’investissement n’en vaut pas la peine, surtout que
pour aller jusqu’au bout, il aurait fallu monter des étriers
avant de 951 250cv (ou 968 M030), qui sont plus gros (surface
de plaquette plus importante) et dont les disques font 304mm de
diamètre !
N’empêche, mes freins sont prévus pour arrêter
une 968, soit 240cv pour 1370kg. Ca devrait aller…
J’ai surtout voulu relever le challenge technique, et m’offrir
encore un peu plus d’exclusivité… Et puis,
soulignons que j’ai eu l’opportunité d’avoir
ces freins et ces suspensions pour pas grand-chose, ce qui a aidé
dans la démarche (Phil, je ne te remercierai jamais assez
;)
Survolez l'image à l'aide de la souris pour voir
le montage final
4 - REMARQUES
1)
Il ne faut pas perdre de vue que l’on joue ici avec sa SECURITE
!!! Donc pas question de bricolage ni de récupération
d’éléments morts. Ici, j’ai récupéré
quelques éléments, mais uniquement pour voir si
tout se montait correctement. Je me voyais mal investir dans un
tas de pièces neuves qui finalement resteraient emballées
;)
2)
Je suis conscient que je n’obtiendrai pas le meilleur compromis
freinage/tenue de route directement. Il y a énormément
de paramètre à prendre en compte, et je ne peux
me baser sur rien pour les réglages étant donné
qu’aucune voiture similaire n’existe. Je vais donc
devoir me pencher là dessus et me faire conseiller pour
essayer d’arriver au maximum d’efficacité.
Car monter des pièces « racing » dans tous
les sens, c’est bien, mais s’il n’y
a pas d’osmose entre les éléments, ça
ne sert à rien ;)
3)
C’est inutilisable sur route. J’ai
déjà roulé dans des voitures dites «
dures », mais ici, c’est plus que cela. Rendez vous
compte que la voiture pèse au bas mot 350kg de moins (!)
que celles où sont montées ces suspensions d’origine.
Donc à la moindre déformation de la chaussée,
au moindre trou, une déflagration se fait entendre à
chaque fois et la caisse tremble de partout. C’est saisissant
et effrayant. J’ai peur de casser quelque chose à
chaque fois que je la sors !
5 - CONCLUSION
Encore
une fois, n’oubliez pas que cette article est sensé
être lu en complément de l’autre, et est plutôt
une « suite avec expérience personnelle » que
vraiment un guide. Cela peut donc paraître incomplet ou
léger, mais je n’avais pas envie de me répéter.
Je
n’ai pas encore eu l’opportunité de rouler
avec sur piste, mais j’espère être surpris
dans le bon sens et ne plus subir l’humiliation du tête-à-queue
dû à un excès de confiance en des freins qui
n’en sont pas dignes ;)
Je pense que lorsque ma suspension et mes freins seront bien optimisés,
l’effet sera dévastateur… Et on pourra à
ce moment se pencher sérieusement sur le moulin :)
6 - LIENS